Edito du président du GEPA de décembre

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La colère jaune gronde sur le pays.

Les colères, les souffrances s’expriment. Des salariés n’arrivent pas à finir les fins de mois. Mais aucune colère ne peut justifier les violences de ce week-end. L’Etat se doit de protéger les personnes, les biens, la propriété privée, et la liberté d’entreprendre, celle de commercer. Le week-end dernier, l’Etat a failli à sa mission. Il est temps de retrouver le calme et la raison. Il faut rétablir l’ordre.

Oui, la raison ! Il y a des souffrances qui s’expriment. Mais quelle est la réalité de notre pays. La France est le champion d’Europe de la taxation en Europe avec 48.4 % du PIB prélevé.  D’aucuns veulent comparer la situation à 1968, mais il n’y a aucune comparaison possible. En 1968, le taux des prélèvements obligatoires était de 30% (soit 18 points de moins), le chômage était à 2.6 % et la croissance à 7 %. Le problème est clair. Nous avons une taxation trop importante. Seuls 47 % des contribuables payent l’impôt sur le revenu.

Prenons garde aux idéologies d’extrêmes gauches qui se développent ici et là. Ces idéologies ont conduit à la faillitte de tout le bloc de l’Est. Ce sont des idéologies du partage, qui déresponsabilisent tout le monde, et qui ne fonctionnent pas sur l’être humain. La preuve a été faite à maintes reprises.

Certains accusent les banques. Les charges de la dette sont de 41 milliards d’euros. Il faudrait selon eux ne plus payer les intérêts et le problème serait réglé. Avons-nous la mémoire si courte, pour oublier ce que nos grands-parents ont vécu ? Avant l’euro, lorsque les monnaies étaient nationales, les gouvernements qui ont toujours très mal géré, pratiquaient la dévaluation. Cela ruinait une bonne partie de leur peuple et conduisait à affamer les populations. Notre système est meilleur que celui du passé, mais exige de la rigueur que nos politiques n’appliquent pas; alors qu’on le fait dans d’autres pays.

Aujourd’hui, nous sommes dans un Etat Providence. Nous avons versé 714 milliards de prestations sociales en 2016 (soit 32 % du PIB), ce qui fait de nous les champions d’Europe. Personne ne peut dire que la France n’est pas assez généreuse. Par contre on pourrait s’interroger pour savoir si l’argent va aux plus pauvres ou s’il vient pour améliorer le confort. Bien sûr il y a des citoyens en difficulté, mais nous sommes au 6ème rang mondial de la production de richesse, avec un PIB de 36855 $ par habitant. Pour ceux qui voyagent un peu dans le monde, ils se rendent compte de ce qu’est la réelle misère. La réelle misère, ce n’est pas la France.

Tout n’est pas noir, il y a des choses qui s’arrangent. La sécurité sociale devrait être en équilibre en 2019. La dette de la sécurité sociale est quasiment remboursée. La réforme du travail a simplifié les relations. La réforme de la formation va permettre, à chacun, de gérer au mieux ses compétences pour s’adapter au monde nouveau qui se profile.

La colère qui s’exprime a de multiples sources.

D’une part les dépenses sociales sont gérées par un système paritaire, où les syndicats qui ne représentent qu’une minorité de personnes gèrent des budgets colossaux. Souvent ils organisent une démocratie opaque et indirecte, pour ne pas permettre à leurs adhérents d’élire directement leur président, comme nous le faisons dans notre système démocratique. Donc ceux qui détiennent le pouvoir sont les représentants d’une minorité organisée en leur sein. Leurs seuls objectifs est de faire rentrer des ressources pour leurs organisations. La défense des intérêts qu’ils sont censés représenter passent au second plan.

D’autre part notre la classe politique est prisonnière de troubles cérébraux qui la font se focaliser sur sa prochaine échéance électorale, plutôt que sur une gestion efficace du pays. Elle prend des mesures électoralement bonnes, plutôt qu’efficaces pour le pays.

Mais, nous ne devons pas sous-estimer notre propre responsabilité. Aux dernières élections présidentielles, notre président a été élu avec 37 % des citoyens, malgré 66 % des suffrages. 12 % de nos concitoyens ne sont pas inscrits sur les listes électorales et 25 % ne sont pas allés voter. Ces abstentions poussent au clientélisme électoral, car le politique a intérêt à cibler dans ses dépenses, les personnes qui vont voter pour s’assurer sa réélection. Moins il y a de personnes qui votent, plus c’est facile d’acheter son élection.

Nous sommes aussi responsables, car le système a été dévoyé. Il ne s’agit plus d’aider les plus pauvres, mais l’aide publique est devenue gabegie. Les arrêts maladie explosent. Beaucoup de personnes se déclarent mono parentales afin de toucher plus d’aide de la CAF. Le logement est trop subventionné par l’allocation logement, ce qui engendre des loyers très élevés. Certains vont rester au chômage, jusqu’à trouver exactement l’emploi qui correspond à leurs critères de recherche. Bref, nous sommes devenus des enfants gâtés, sans s’en rendre compte. Mettons pour chacun de la contrepartie à donner, en face de l’aide reçue, comme cela se pratique en Europe du Nord.

Aujourd’hui, ce qui manque c’est un objectif commun entre l’élite et le peuple. Une vision convergente.

Remettons tout à plat, au lieu de stigmatiser, tel segment de la population pour les faire payer plus. Faire payer plus, c’est ce que la France fait depuis des décennies, sans succès. Mettons-nous autour d’une table. Définissons les missions de l’Etat, des régions, des métropoles, des communes. Simplifions ce mille feuilles qui coûte très cher. Supprimons ce qui ne sert à rien. Toutes ces structures qui ont été mises en place lorsque l’on se déplaçait à cheval et que le moyen de communication était le courrier sont dépassés. Regardons ce qui s’est fait autour de nous, en Europe et dans le monde.

Aujourd’hui, notre système souffre d’un manque d’éthique. Il n’est pas normal que des personnes qui travaillent ne s’en sortent pas alors que certains cumulent des aides qui dépassent le fruit du travail. Faisons des économies. Baissons les charges et augmentons les salaires.

Il n’est pas normal d’envisager notre principe d’égalité que sous l’aspect de la répartition financière. N’est-il pas normal qu’un entrepreneur qui prend des risques, qui n’en dort pas la nuit, qui fait beaucoup d’heures, au détriment souvent de sa vie privée, ait droit à une récompense financière ?

L’égalité, ce n’est pas de donner à celui qui n’entreprend rien, ne créé aucune richesse, ne prend aucun risque, pour prendre à celui qui a fourni les efforts. D’ailleurs quelle compensation lui donne-t-on pour sa prise de risque, pour le stress que cela génère, pour son temps personnel réduit,… ?

Nous avons de grandes opportunités qui apparaissent avec le développement des nouvelles technologies, qui permet de rééquilibrer les territoires avec de nouvelles formes de travail qui vont apparaître. Aujourd’hui, on peut faire du développement informatique, et vivre dans une zone rurale isolée, à condition d’avoir une bonne connexion internet.

Nous avons des enjeux environnementaux forts à relever qui sont eux aussi sources de grandes opportunités.

Au lieu d’accuser l’autre, de saccager le pays, que chacun se retrousse les manches pour faire les réformes nécessaires. Chacun a un effort d’adaptation à faire pour accompagner l’évolution inéluctable du monde. Chacun doit s’interroger sur ce qu’il apporte et donne à la collectivité, en contrepartie de l’aide qu’il reçoit. Je suis certain, qu’ensemble nous pouvons y parvenir. C’est ce que nous attendons de la classe politique aujourd’hui.

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